Les données statistiques concernant l’expérimentation animale en France viennent d’être publiées pour l’année 2015 (1) : un constat alarmant.
Alors que l’on avait noté une diminution du nombre d’animaux vivants utilisés à des fins scientifiques ou éducatives entre 2010 et 2014, celui-ci a augmenté de 7,5% entre 2014 et 2015 en passant de
1 769 618 animaux en 2014 à 1 901 752 animaux en 2015.
Ces chiffres ne reflètent pas toute la réalité puisque ne sont pas pris en compte :
1. Les animaux d’élevage présents dans les établissements utilisateurs,
2. Les animaux entrant dans les procédures en dessous du seuil de contrainte, dont les animaux génétiquement altérés qui ne présentent pas de phénotype dommageable,
3. Les animaux utilisés pour le prélèvement d’organes ou de tissus, en constante augmentation.
Les animaux concernés par cette hausse sont les souris qui paient le plus lourd tribut à la recherche, les rats, les lapins, les xénopes (petits amphibiens), les grenouilles, les reptiles, les macaques cynomolgus, les singes écureuil, les prosimiens, les singes marmoset (ouistitis), les singes vervet, les moutons, les porcs, les poulets.
Le nombre de chiens a augmenté de 13% (2 852 en 2014 contre 3 226 en 2015).
Le nombre de primates non humains a augmenté de 187% (1 103 individus en 2014 contre 3 162 en 2015) malgré les recommandations réglementaires à limiter leur utilisation.
La provenance géographique n’est pas renseignée pour un grand nombre d’animaux notamment pour les reptiles et les primates et cela peut laisser supposer un approvisionnement via des circuits « non officiels » pour ces animaux. Par ailleurs, on note que — toutes espèces confondues — 19% des animaux ne sont pas nés dans des élevages agrées, nonobstant l’article 20 de la directive européenne 2010/63/UE relative à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques.
La recherche fondamentale — dont l’objectif est l’accroissement des connaissances sans finalité particulière pour la santé humaine ou animale — utilise 41% des animaux (contre 27% en 2010 et 2014).
Sans qu’aucun objet de recherche scientifique ne puisse être invoqué, 28 271 animaux sont morts dans les Universités et centres de formation soit une augmentation de 9% par rapport à 2014.
Par ailleurs, pour satisfaire aux obligations réglementaire et législative – c’est-à-dire pour l’évaluation de la toxicité, de l’innocuité, de l’efficacité de substances — 579 750 animaux ont été sacrifiés.
Les procédures sont classées en fonction des dommages infligés aux animaux : classe légère, classe modérée, classe sévère et « sans réanimation ». On constate l’accroissement du nombre d’animaux utilisés dans des procédures de classe modérée (+ 40,6%) et des procédures de classe sévère (+19,3%) tandis que diminue le nombre d’animaux utilisés dans des procédures de classe légère (- 16%).
Conclusion
Plus d’animaux ont été utilisés dans des procédures occasionnant plus de souffrances.
Tout ceci témoigne à la fois de l’absence de volonté politique en France d’accompagner la transition de la recherche vers des approches non-animales et de l’incapacité de la Directive européenne 2010/63/UE à infléchir significativement les pratiques des états membres tant pour réduire le nombre et la souffrance des animaux que pour permettre leur remplacement par des méthodes alternatives.
Analyse complète des données disponible en PDF sur demande.
(1) données consultables sur le site du Ministère de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovation, en cliquant ici.