Vous trouverez ci-dessous l’ensemble des questions réponses parues dans notre lettre Science Enjeux Santé entre le 3e trimestre 2002 (n° 26) et le 3e trimestre 2003 (n° 30).
Faux. Tout d’abord l’expérimentation animale est obligatoire dans le cadre des tests réglementaires imposés. Il est donc difficile d’évaluer le poids des méthodes sans animaux dans un contexte qui rends le passage par l’expérimentation animale obligatoire. Cette affirmation est difficile à prouver. Généralement l’expérimentation sur des animaux donnera des informations à propose de l’espèce étudiée, mais ces informations ne seront pas fiable slows du passage à l’espèce concernée : la nôtre.
Pourquoi nier les progrès de la science ? Dans le domaine de la toxicologie en particulier. Il faut seulement une nouvelle volonté politique pour les encourager et non pas les freiner.
Faux, c’est plutôt un réel danger. Les problèmes de greffes entre humains ne sont pas résolus, à plus forte raison, les greffes inter-espèces. Aujourd’hui la Bio impression en 3d d’organes humains offre un espoir solide pour les patients.
- pour le VIH, malgré les expériences sur des milliers de singes, aucun vaccin fiable n’a été trouvé. On est aussi sans doute passé à côté de traitements qui ne répondaient pas positivement chez les animaux.
- pour l’hépatite B. Des centaines de vaccinés ont développé des scléroses en plaque, ainsi l’expérimentation animale ne permet pas d prévoir les effets délétères graves qui parfois interviennent bien après l’injection.
Pouvons-nous parler des effets secondaires de médicaments dangereux pour la santé humaine après avoir été longuement testés sur toutes les espèces animales ?
Rappelons au passage l’affaire de la Thalidomide qui avait été longuement testée sur les animaux, et de nombreux remèdes comme le Clioquinol du laboratoire Ciba-Geigy et vendu sous différents noms, le Distylbène, la pilule Diane 35, la Cérivastatine de Bayer un anti-cholestérol soit disant à la pointe du progrès. La liste des médicaments et de leurs victimes s’allonge tous les jours. Ciba-Geigy, l’un des plus grands laboratoires pharmaceutiques internationaux a reconnu devoir retirer du marché 95% des médicaments testés d’abord sur les animaux après les essais cliniques sur humains !
Formation et expérimentation in electro (vidéos, simulation sur ordinateur), biologie moléculaire, cellulaire, d’organes ou de tissus, biologie systémique (de l’ensemble de l’individu), d’où la toxicologie moléculaire, une discipline qui a fait des progrès fulgurants ces dernières années. Tests sur des systèmes synthétiques (peau artificielle), tests sur micro-organismes (bactéries, levures), tests sur cellules, sur organes en perfusion, ordinateurs et robots simulateurs biomathématiques. Aujourd’hui les premiers mini organes (également appelés organoïdes) constitués à l’aide de tissus humains éthiquement identifiés permettent de grands espoirs pour les malades.
L’étude du comportement d’un être vivant est la biologie. La toxicologie est donc la biologie dans l’environnement d’un produit toxique. ? Oui exactement :
Les méthodes de la toxicologie sont donc simplement une sélection judicieuse de celles de la biologie moderne de l’espèce (l’homme pour ce qui concerne Pro Anima) dont on veut étudier la réponse au produit :
- biologie moléculaire, cellulaire, d’organes ou de tissus, biologie systémique (de l’ensemble de l’individu), d’où toxicologie moléculaire etc., La quasi-totalité des réactions à un produit toxique, en particulier les réactions qui se manifestent au long terme, démarrent au niveau cellulaire, c’est donc en priorité à ce niveau qu’il convient de commencer l’étude toxicologique.
Pour les produits ingérés, l’entrée dans l’organisme concerne essentiellement le foie et l’intestin grêle, pour les produits inhalés ou absorbés par la peau, les cellules épithéliales pulmonaires et cutanées, l’élimination des produits concerne presque toujours les reins, ce sont donc les réactions au produit des cellules (humaines) en culture de ces organes, les plus exposés, qu’il faut examiner en priorité, suivies par l’étude des réactions de cellules d’organes moins exposés : cellules nerveuses, sanguines, musculaires notamment.
Dans ces études moléculaires et cellulaires, on examine comment et sous quelle forme le produit pénètre dans la cellule (métabolisation), quelles sont ses cibles (génome, enzymes, mitochondries, métabolisme…), les dégâts qu’il leur occasionne, la capacité de réparation de la cellule et son devenir lors d’une exposition chronique au produit, si possible les effets croisés entre produits (important pour les médicaments).
- récepteurs cellulaires du produit (récepteurs nucléaires, mobilisation d’agents de métabolisation (CYPs)), expressions génétiques induites (génomique, protéomique, utilisation de gènes reporters, de puces à ADN) etc.
Bien sûr, l’organe ou le tissu n’est pas la somme de ses cellules, et l’individu n’est pas celle de ses organes et tissus, l’étude moléculaire et cellulaire ne suffit donc pas pour une évaluation fiable de l’effet du produit (nous estimons cependant que la réponse cellulaire nous renseigne avec une fiabilité de 95% ou sur la réponse systémique).
Pour des produits importants et potentiellement à risque (médicaments en particulier), l’étude cellulaire sera donc complétée par l’étude de tissus et d’organes exposés (foie, rein obtenus auprès de chirurgien) en coupes sous perfusion, puis par l’étude systémique, sur des volontaires informés et consentants, au cours d’essais cliniques. Ces derniers sont effectués avec des doses croissantes du produit, sous surveillance médicale rigoureuse, par des méthodes non invasives (analyse médicale avec attention particulière sur le foie, les reins, le système cardio-vasculaire, tomographies X, IRM, PET Scan etc). Le Comité scientifique PRO ANIMA a établi un programme complet d’études scientifiques de la toxicité selon ce schéma, qui est proposé comme programme de formation à la toxicologie scientifique, à l’attention de biologistes de niveau DEA ou plus. Il est urgent qu’elle remplace la toxicologie d’antan, effectuée par le truchement du modèle animal, qui est aléatoire et provoque annuellement une hécatombe estimée à 14 000 personnes en France.
La toxicologie scientifique, c’est-à-dire précise, fiable, reproductible, infalsifiable, est de plus très rapide et moins onéreuse à long terme que la toxicologie d’antan. Pourtant celle-ci est toujours en vigueur et la seule acceptée par la réglementation. Pourquoi ?
Il y a certainement une certaine paresse intellectuelle de la part de ces toxicologues, qui n’ont pas envie de se recycler, l’industriel n’a pas envie de se ré-équiper pour appliquer la toxicologie scientifique, d’autant que les dispositifs légaux (qui datent de près d’un siècle, quand la biologie était embryonnaire) lui demandent de recourir au modèle animal.
Pourquoi y aurait-il connivence entre politiques et les industriels pour maintenir le statu-quo ?
Le modèle animal est très commode, on peut lui faire dire tout et son contraire. Exemple : l’industriel a fabriqué un produit promettant des ventes record, mais un peu cancérigène ? Son toxicologue va arranger ça, il va sélectionner les souris de lignée C57B1, très peu susceptibles de développer des tumeurs et d’autant moins que les souris seront sous diète pauvre, l’autorisation de mise sur le marché du produit sera délivrée sans discussion. Si le même produit est fabriqué par un concurrent et porte ombrage aux ventes de notre industriel, son toxicologue va le tester sur les souris de lignée A ou C3H, elles développent des tumeurs 100 fois plus facilement que la lignée C57B1, et même 1000 fois si on leur donne une diète riche, démontrant que le produit, pourtant jugé inoffensif sur la lignée C57B1, est très dangereux. Le cobaye sera le consommateur.
Et pour le cancer ? L’expérimentation animale est-elle utile ? Jugez en :
- sur les 12 000 produits efficaces pour éliminer le cancer chez la souris, aucun ne l’est chez l’homme alors qu’à l’inverse, aucune des 32 molécules utilisées en chimiothérapie humaine ne marche chez la souris (chiffres publiés dans Science — vol 278 no 5340 du 7 /11/97- en particulier l’article de T. GURA pp.1041 et suivantes.
Le ministère de la Recherche annonce : les organismes supérieurs possèdent des systèmes et des mécanismes entre organes qu’il est impossible de reproduire in vitro. C’est faux ! On peut étudier justement des organes et tissus en perfusion.