La grande majorité des produits de notre quotidien (médicaments, produits cosmétiques, d’entretien, alimentaires, etc) est expérimentée sur les animaux. Or, dans le cas des médicaments par exemple 9 molécules sur 10 pourtant testées sur les animaux échouent lors du passage aux essais cliniques chez l’humain.1
« Un résultat positif chez le rat ne prouve pas l’efficacité chez l’homme. De plus, une substance dépourvue de toxicité chez l’animal peut se révéler toxique pour l’homme comme cela est régulièrement observé lors de la mise au point de médicaments. »2
En 2004 déjà, la FDA (Food & Drug Administration) estimait que 92% des médicaments qui réussissent les tests précliniques, y compris les tests « pivots » sur les animaux, ne parviennent pas à être commercialisés. Une analyse plus récente suggère que, malgré les efforts visant à améliorer la prévisibilité des tests sur les animaux, le taux d’échec a en fait augmenté et se rapproche désormais de 96%. Les principales causes d’échec sont le manque d’efficacité et les problèmes de sécurité non prévus par les tests sur les animaux.3
Les tests sur animaux, qui représentent la recherche dite in vivo (dans le vivant), donnent des informations de manière empirique sur l’impact d’une substance ou l’évolution d’une pathologie sur le sujet. Or, le métabolisme de chaque espèce est différent. En plus des souffrances causés aux animaux dans les laboratoires, se fier aux tests in vivo représente un risque pour la santé humaine.
Les modèles animaux sont faillibles et peu prédictifs.
De nombreux scandales sanitaires illustrent cette triste vérité, tels qu’avec la Dépakine, Diane 35, Médiator, etc.
Au niveau européen, au moins 197.000 citoyens perdent la vie prématurément chaque année à la suite d’effets secondaires de médicaments pourtant longuement testés sur les animaux.4
La bio-impression 3D et 4D, la recherche par ordinateur ou dite in silico, les méta-analyses, les cellules souches, les organoïdes et organes sur puce sont autant de nouvelles technologies et approches méthodologiques basées sur notre espèce humaine et les connaissances les plus avancées.
Alors que de plus en plus de scientifiques, de médecins, mais aussi d’acteurs politiques et économiques reconnaissent en 2023 les limites de l’expérimentation animale et de la transférabilité de ses résultats à l’humain, ces méthodes plus fiables et prédictives pour la santé humaine sont paradoxalement encore mal connues.
Au cœur des plus récentes avancées technologiques et des enjeux de politiques publiques à l’échelle européenne et internationale, faire connaître au public ces méthodes et technologies novatrices qui permettent de remplacer les tests sur animaux et apportent des avancées et bénéfices pour la santé humaine est la mission du Comité scientifique Pro Anima.
Ces derniers mois les grands groupes pharmaceutiques ont tour à tour partagé actions et prises de position encourageantes non seulement en faveur de la réduction du nombre des animaux mais aussi pour une plus grande utilisation des méthodes et technologies non-animales dans le cadre du développement de médicaments. Nous vous avons regroupé ici les communications de ces acteurs clés.
Tout d’abord, le géant pharmaceutique suisse Roche qui avec la création à Bâle de l’Institute of Human Biology (IHB) souhaite se positionner en tant que pionnier pour la découverte et le développement de médicaments à partir des nouvelles approches basées sur l’humain, tels que des mini-organes humains ou des modèles informatiques innovants. Reconnaissant que la recherche moderne sans animaux améliorera le développement de médicaments, Roche a déjà réduit les expériences sur animaux de 40% ces dernières années.
Cette réduction fait écho aux engagements également pris par le groupe français Sanofi qui avait annoncé vouloir réduire de 50% le nombre d’expériences sur animaux pour la période 2020 – 2030.
Quelques semaines plus tard, en mai 2023, c’est au groupe Merck, basé à Darmstadt, qui, par la voie de sa dirigeante Belén Garijo, a annoncé “ne plus vouloir faire d’expérimentation animale” et “réduire significativement le nombre de tests sur les animaux pour le développement et la sécurité des médicaments et des produits chimiques”.
Enfin, le groupe Bayer, par la voie de son ancien vice-président senior et directeur du département Translational Sciences de Bayer Pharmaceuticals, le Dr Eckhard von Kreutz, a fait part des étapes nécessaires pour remplacer l’expérimentation animale. Indiquant que les discussions entre l’industrie et les régulateurs devraient aboutir à une meilleure prise en compte des NAM (New Approach Methodologies) dans la réglementation des produits chimiques, le responsable de Bayer souligne que tout le monde doit être d’accord tant sur le plan politique que scientifique et social, que l’abandon de l’expérimentation animale est souhaitable et doit donc être poursuivi, de la même manière que les obstacles juridiques au développement et à l’utilisation des méthodes sans animaux doivent être supprimés.
Retrouvez dans cet article, les grandes méthodes non-animales (in vitro, in silico, in omic)
Dans le prochain article, retrouvez des applications concrètes pour notre santé
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