Les lacunes et défaillances scientifiques du modèle animal
Aux raisons éthiques fondamentales relatives aux conditions de vie et d’utilisation des animaux dans les laboratoires, la valeur prédictive de ces études basées sur les animaux ne semble plus faire sens pour l’humain aujourd’hui.
Dans le cas des médicaments, plus de 90% des molécules testées sur l’animal échouent lors des essais cliniques sur les humains
Trop de variables ne sont par ailleurs pas prises en compte. Tout ce qu’un chercheur peut faire à un animal dans un laboratoire peut provoquer des changements dans sa physiologie qu’on ne peut pas contrôler (il peut s’agir de la lumière, du type de cage, de la fréquence des manipulations, du stress que subissent les animaux du fait de leur détention…)
Alors que la connaissance des taux et des causes d’attrition des candidats-médicaments par phase de développement clinique et par domaine thérapeutique est précieuse pour évaluer l’impact des changements dans la stratégie de développement et l’orientation du domaine de recherche par l’industrie pharmaceutique, l’étude d’Arrowsmith et Miller publiée en 2013 dans la revue Nature (Nat Rev Drug Discov 12, 569) montrait que la majorité des échecs était notamment due à un manque d’efficacité (56%) ou à des problèmes de sécurité (28%).
Ainsi, les effets secondaires des médicaments (iatrogénie) provoquent chaque année des milliers d’hospitalisations et de décès prématurés.
En cause : cette mauvaise évaluation des risques chimiques toxiques. Les scandales se succèdent : Distilbène, Diane 35, Médiator, Vioxx, Dépakine, Isoméride….
Au niveau européen, au moins 197.000 citoyens perdent la vie prématurément à la suite d’effets secondaires de médicaments (Commission Européenne, Mémo déc. 2008 repris par The Lancet en 2011) ; produits pourtant longtemps testés sur les animaux et considérés comme efficaces.
En France, cette iatrogénie a un coût humain élevé puisque 130 000 hospitalisations et 10 000 décès par an seraient dus à ces effets délétères (estimation janvier 2013 — chiffre assurance maladie).
L’autre raison scientifique fondamentale de s’en passer
Certains scientifiques opposés à l’expérimentation animale ne le sont pas seulement pour des raisons éthiques mais aussi sur le fondement qu’aucune espèce n’est le modèle fiable d’une autre espèce est admise par un nombre grandissant de chercheurs.
Cela peut se démontrer logiquement et scientifiquement :
En effet, une espèce est définie par son isolement reproductif au sein d’une niche écologique spécifique. Les membres d’une espèce ne peuvent se reproduire qu’entre les membres d’une même espèce et non avec ceux d’une autre.
Elle se caractérise aussi par ses chromosomes : les chromosomes d’espèces différentes sont aussi différents. Or les chromosomes d’un individu déterminent toutes ses activités biologiques. Les activités biologiques de 2 espèces différentes étant différentes, une espèce ne peut pas être le modèle fiable d’une autre.
Cette spécificité inter-espèce explique la faiblesse de l’expérimentation animale et devrait pousser la communauté scientifique à s’émanciper du modèle animal.
Un des exemples les plus cités pour illustrer ce fait est celui de l’échec de la recherche sur les maladies du cerveau. Pour Alzheimer, plus de 99% des potentielles thérapie évaluées avec succès sur des modèles animaux ont été mis en échec lors des essais sur patients (chiffres de l’Alzheimer Research & Therapy Center).
Ces dix dernières années, l’OCDE a validé une vingtaine de méthodes alternatives pour tester la toxicité des substances.
Il est également interdit de pratiquer la dissection en collèges et lycées, sur des souris, ou autres animaux tués dans ce but.
Aujourd’hui, « les lacunes des modèles animaux sont bien documentées par le taux d’échec élevé (supérieur à 90%) des nouveaux médicaments testés sur les animaux et le nombre croissant de revues scientifiques indiquant qu’ils contribuent peu à la compréhension des maladies et des conditions humaines. »
En revanche, « (…) les modèles avancés non animaux sont des technologies révolutionnaires, avec le potentiel d’améliorer considérablement notre compréhension des maladies humaines en produisant des données basées sur la biologie humaine, ce qui entraîne des avantages considérables pour la santé publique en termes de prévention et de guérison des maladies. »
(Extrait de l’Appel cosigné par l’ECEAE et destiné à la Commission Européenne pour établir un Plan d’Action pour accélérer la transition vers l’innovation sans l’utilisation d’animaux dans la recherche, les tests réglementaires et l’éducation)
Qu’est-ce qui bloque encore ? / Quels sont les principaux freins au développement des méthodes substitutives ?
Globalement la communauté scientifique est peu motivée par un remplacement de l’expérimentation animale par des méthodes alternatives. Ainsi, certaines méthodes de remplacement validées sont ignorées par les laboratoires qui favorisent l’utilisation animale. Cette routine du “tout test sur animaux” plombe les efforts demandés par la Directive 2010/63/UE relative à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques.
Certaines voies de recherches alternatives, sans animaux ont déjà prouvé leur efficacité, mais il reste beaucoup à faire pour mettre un terme aux expérimentations animales. Le cadre réglementaire rigide n’autorise pas pour l’instant de se passer des tests sur animaux en Recherche & Développement.
Quelques arguments aux questions que vous vous posez
Pour beaucoup, l’expérimentation animale est discutable sur le plan moral mais nécessaire, dans l’état actuel des connaissances, pour assurer l’efficacité et la sécurité des médicaments. Pourtant, nous démontrons, en répondant aux questions les plus fréquemment posées par les défenseurs du modèle animal, que ceux-ci ont tort.
1. Qu’est-ce que l’expérimentation animale ? Qu’est-ce que la vivisection ?
Cela consiste à faire des expériences chirurgicales, toxicologiques ou autres sur des animaux vivants. Dans le courant du XIXème siècle, les chercheurs qui ont imposé ces pratiques se nommaient eux-mêmes vivisecteurs. De nos jours, les adeptes préfèrent parler d’expérimentation animale, voire de recherche animale, terme moins évocateur de souffrance mais qui recouvre la même réalité, notamment : utilisation de tissus ou d’organes animaux comme pièces détachées ou ingrédients pour des vaccins ou des médicaments ; utilisation d’animaux comme fabrique d’insuline, par exemple ; animaux utilisés comme modèles de maladies humaines ; animaux utilisés pour tester l’efficacité ou l’innocuité d’une substance chimique ; recherche fondamentale en physiologie ; dissections dans l’enseignement en biologie et pour l’entraînement des futurs chirurgiens.
2. Quelles sont les espèces les plus utilisées ?
De loin, souris et rats. Tout simplement parce qu’il est possible d’en stocker beaucoup dans la même pièce, ils sont peu chers à nourrir, ils atteignent la maturité en moins d’un an et l’on peut donc en étudier plusieurs générations en quelques années. Céder à la solution de facilité, c’est ignorer les différences qui rendront inutiles à l’homme ces résultats. Entre autres, les rongeurs ont un métabolisme plus lent que les humains, ils métabolisent et excrètent autrement les substances toxiques, certains fabriquent la vitamine C tandis que nous ne pouvons l’obtenir que de nos aliments, leurs besoins en protéines sont plus de trois fois les nôtres.
Il est vrai que certaines lignées de souris développent des tumeurs et qu’il est tentant de s’en servir comme modèles d’études. Ces tumeurs sont localisées dans des tissus ou des organes dans lesquels les humains aussi développent des tumeurs : glandes mammaires, foie, thyroïde, poumons… Pourtant, ces tumeurs ont des causes et des évolutions différentes dans les deux espèces et réagissent de façon très différente aux traitements, de sorte que les études sur la souris ne permettent en aucune façon de prédire ce qui se passera chez l’humain.
3. Qu’est-ce que le modèle animal ?
C’est un animal qui est censé être atteint, naturellement ou de façon induite, d’une maladie propre à l’humain, ou que l’on utilise pour étudier les effets d’une substance chimique. On espère que le résultat sera transposable à l’homme. On a donc fait l’hypothèse que la maladie a les mêmes causes, atteint les mêmes organes et que le traitement découvert aura exactement les mêmes effets sur l’homme et sur l’animal choisi comme modèle. Or, cette hypothèse est fausse. L’évolution et l’apparition des espèces s’est faite, depuis 3,5 millions d’années, par des changements moléculaires au niveau de l’ADN. Une espèce est définie par ses caractéristiques génétiques uniques. Les gènes confèrent les spécificités biologiques, la façon dont une cellule d’une espèce donnée réagit aux nutriments, à l’environnement, à des substances chimiques. Ces différences, déjà importantes au niveau cellulaire, induiront des différences spectaculaires lorsqu’il s’agira d’étudier les réactions de l’organisme entier. Chaque espèce est atteinte de maladies qui n’ont pas d’équivalent chez les autres espèces. Chacune réagira de façon différente à un médicament. Aucune espèce ne peut donc servir de modèle pour une autre. Ceux qui désignent tel ou tel animal pour obtenir des résultats dont ils prétendent faire profiter les hommes ne se fondent sur aucune raison scientifique. Leur choix est arbitraire, puisque l’on peut démontrer que même des espèces en apparence très semblables à nous, comme les singes, présentent trop de différences génétiques, et donc biologiques, pour que les résultats obtenus en les étudiant soient utiles pour les humains.
Il se trouve des chercheurs pour prétendre qu’en étudiant un animal entier, on obtient des résultats plus fiables que sur une culture de cellules, et que l’on peut contrôler un nombre important de paramètres. Ils ont raison. Mais de quelle utilité seront ces résultats puisque les réactions de l’animal sont différentes des nôtres ? C’est bien parce que les études sur l’animal ne sont pas fiables qu’il est, de toute façon, nécessaire de tester les médicaments sur les humains au cours d’essais cliniques, avant de les mettre sur le marché.
4. L’expérimentation animale n’a-t-elle pas fait progresser la science ? N’obtient-on pas des résultats indiscutables, du moins sur le plan anatomique ? Les animaux ne sont-ils pas utiles pour apprendre la chirurgie ?
Un cœur est un cœur, un rein est un rein. Chez le lapin comme chez la girafe. Mais d’une part, ces résultats sont acquis depuis longtemps. Et d’autre part, on aurait aussi pu les acquérir par la dissection de cadavres humains. Galien, dans la Rome ancienne, a forgé une partie de son savoir anatomique en soignant les blessures des gladiateurs. Alors, à quoi peut bien servir, aujourd’hui, la dissection d’animaux ? On pense aux futurs chirurgiens et on se sent rassuré de savoir qu’ils se font la main sur des animaux. Erreur. Lors de sondages, des étudiants en médecine et des médecins ont, en grande majorité, déclaré qu’observer les humains était le meilleur moyen d’apprendre. Les chirurgiens apprennent à opérer en regardant d’autres chirurgiens. Beaucoup admettent que l’entraînement sur des animaux provoque des confusions dans les procédures. Des ophtalmologues ont développé la kératotomie radiale sur des lapins, mais ils ont rendu complètement aveugles plusieurs humains avant de trouver la procédure correcte. La greffe d’organes est une autre technique mise au point sur des animaux. Résultat, les premières opérations d’humains ont toujours échoué.
5. Comment faire avancer la science, comment trouver de nouveaux médicaments sans utiliser les animaux ?
L’idée prévaut encore, dans le grand public, que sans les animaux, les chercheurs seraient démunis. Rien n’est moins vrai. Puisqu’il s’agit de trouver des traitements pour l’humain, c’est l’humain qu’il faut étudier. C’est tout à fait possible, sans lui infliger les tortures que l’on fait quotidiennement subir, inutilement, à des millions d’animaux.
Avant que la maladie ne se déclare et n’envahisse un organe ou l’organisme entier, ce sont dans les cellules que les dysfonctionnements apparaissent. Si une substance est toxique, c’est la cellule qui réagira la première. Toute étude de toxicologie devrait donc se faire, non pas sur des animaux dont les cellules réagiront autrement que les nôtres, mais bien sur des cellules humaines en culture. Il est possible de maintenir en vie non seulement des cellules mais aussi des tissus, comme la peau, ou des organes sous perfusion.
Pour ceux qui tiennent à observer l’organisme dans son ensemble, il existe quantité de méthodes non invasives permettant, là aussi, d’étudier l’humain. De visualiser un organe en fonctionnement. Citons la tomographie par émission de positrons (PET), l’imagerie en résonance magnétique (IRM), l’échographie. Nombre de dosages biochimiques sont réalisables sur l’homme.
La biologie humaine peut aussi tirer un grand parti de l’informatique et d’autres techniques modernes : modélisation mathématique ; micropuces à ADN permettant d’observer des milliers de gènes, leurs interactions et les protéines qu’ils codent ; logiciels adaptés à diverses études ; simulations informatiques. D’énormes quantités de données ont été collectées dans les vingt dernières années et gisent au fond de disques d’ordinateurs et autres bandes magnétiques. Rien que le séquençage du génome humain a généré bien plus de données qu’il n’y a eu de temps et de chercheurs compétents pour les analyser. Une meilleure collaboration entre scientifiques du monde entier et le partage des mines de données existantes permettraient des avancées spectaculaires.
Encore un exemple, l’épidémiologie, technique ancestrale puisqu’elle a vu le jour dès le XVIIème siècle, pourrait aussi bénéficier de l’informatique pour devenir l’une des disciplines clés dans la prévention des maladies.
En ce qui concerne la formation des médecins, il existe des cours en vidéo et sur CD-ROM. La dissection peut aussi être enseignée grâce à des animaux en plastique. Certaines sociétés se sont spécialisées dans leur fabrication.
Et lorsqu’il s’agit, non de faire avancer la recherche fondamentale mais bien de préserver la santé humaine, l’éducation et la prévention devraient avoir un rôle prépondérant. On s’épuise, on engloutit des sommes d’argent faramineuses et on décime des millions d’animaux en cherchant des traitements contre le cancer, par exemple, alors qu’une bonne hygiène de vie et une nutrition saine pourraient faire chuter le nombre de cancers de 30 à 40%. On estime que les deux tiers des maladies pourraient être évitées.
6. Avant de mettre un médicament sur le marché, ne faut-il pas le tester sur des animaux ? N’y a‑t-il pas une obligation légale de le faire ?
A quoi bon tester un médicament sur l’animal puisque, de toute façon, la réponse de l’humain sera différente ? Même sur des espèces proches, les essais de médicaments ou de substances toxiques ne donnent pas les mêmes résultats. Dans une étude, seulement 54% des produits testés sur des rats et des souris provoquaient des cancers sur les deux espèces. C’est-à-dire que pour un produit donné testé sur une de ces deux espèces, il y a 50% de chances pour qu’il ait le même effet sur l’autre. Autant jeter une pièce en l’air et voir si elle tombe côté pile ou côté face. Autre exemple, la benzédrine, provoque des cancers de la vessie chez les humains, du foie chez les hamsters et de l’oreille moyenne chez les rats.
D’autres études ont montré que des individus d’une même espèce mais de sexe différent réagissaient différemment. Sur 33 substances qui provoquaient des cancers chez la souris et le rat, 13 seulement provoquent ces cancers à la fois chez le mâle et la femelle.
Quand on sait que la plupart des volontaires pour tester des médicaments pour les humains sont des hommes, la pharmacovigilance (étude des effets secondaires d’un médicament) devrait être plus approfondie chez les femmes. De nombreux polymorphismes existent entre individus de la même espèce et peuvent expliquer les différences de réponse aux médicaments. Ainsi que l’a montré l’émergence, il y a quelques années de la pharmacogénomique, deux individus humains auront des réactions différentes à une même dose de médicament. Comment espérer, alors, que des individus pris au hasard dans une population d’une espèce donnée puissent servir de modèles pour la mise au point de traitements sur une autre espèce ? Les vrai cobayes sont les volontaires qui participent, en toute légalité et après avoir reçu tous les renseignements nécessaires, aux essais cliniques. Même après la mise sur le marché, il faudrait garder présent à l’esprit que prendre un médicament revient à prendre un risque. Les laboratoires pharmaceutiques le savent bien et la plupart rassemblent les données de la pharmacovigilance. Ne serait-il pas souhaitable que ces dossiers soient accessibles aux utilisateurs ? Dans l’intérêt de ceux-ci, bien sûr, pas dans celui des laboratoires, qui risqueraient d’y perdre nombre de leurs produits. Malgré ces faits, il est obligatoire de tester un futur médicament sur des animaux. Prouver son efficacité et son absence de toxicité. Pour les produits cosmétiques, au contraire, il n’existe pas d’obligation légale de test sur des animaux. Aux Etats-Unis, la FDA encourage même les techniques qui n’utilisent pas les animaux. Pourtant, aussi bien pour des médicaments que pour des cosmétiques, les fabricants procèdent volontiers aux tests sur les animaux. Surtout parce que, en cas de litige, si on leur oppose que leur produit est toxique, ils peuvent répondre que non, puisque les souris auxquelles on a administré ce médicament n’ont pas été affectées. Cet argument est accepté comme preuve de l’innocuité du produit.
Ces tests sont également pratiques pour biaiser les résultats dans le sens qui favorise le commanditaire du test. Par exemple, des souris de lignée A ou C3H nourries grassement auront mille fois plus de chances que des souris de lignée C57B1 soumises à un régime alimentaire sain, de développer un cancer en réponse à une substance chimique donnée. Choisissez donc l’une ou l’autre lignée et adaptez le régime alimentaire selon que vous veuillez démontrer que la substance en question est cancérigène, ou le contraire.
7. L’utilisation d’animaux a‑t-elle eu des effets néfastes sur la santé humaine ?
“Avant tout, ne pas nuire”. Hélas, les chercheurs qui utilisent les animaux ont ignoré ce précepte et nombre de leurs résultats, appliqués aux humains, se sont révélés désastreux. Voici un début de liste d’exemples, malheureusement loin d’être exhaustive :
Les effets secondaires de médicaments sont légion. Parmi les plus dramatiques, le thalidomide a causé plus de 10.000 naissances d’enfants souffrant de malformation des membres. La cérivastatine, récemment, a été retirée du marché après plusieurs dizaines de morts. La liste pourrait être longue. De façon plus générale, des millions d’humains sont hospitalisés chaque année, des dizaines de milliers meurent, pour avoir absorbé des médicaments testés sur des animaux, ainsi que l’a reconnu Bernard Kouchner, secrétaire d’état à la santé en France (Le Monde, 13 novembre 1997). Le virus de la poliomyélite a été découvert en 1912. Pendant plusieurs décennies, des études sur l’animal ont retardé les progrès. Les premiers vaccins, toujours basés sur l’expérimentation animale, ont provoqué nombre de paralysies et de morts. Aujourd’hui, ce vaccin est fabriqué sur des cellules humaines en culture. Fumer était considéré comme non nocif, suite à des tests sur des animaux. L’épidémiologie a aujourd’hui démontré le lien entre tabagisme, même passif, et cancer des poumons. L’amiante est un exemple similaire. Nombre de techniques chirurgicales mises au point sur des animaux ont handicapé ou tué des patients humains. La mise sur le marché de nombre de bons médicaments a aussi été retardée parce qu’ils se révélaient dangereux pour les animaux, alors que ces effets ne s’observaient pas chez l’homme. Des patients ont ainsi été privés de traitements efficaces. La pénicilline, par exemple, est inefficace chez le lapin. Elle a été mise de côté pendant des années, avant qu’on ne s’aperçoive, par hasard et non grâce à l’étude sur d’autres animaux, qu’elle pouvait sauver des hommes.
8. Y a‑t-il eu des découvertes importantes sans recours à l’expérimentation animale ?
Oui. Heureusement, la liste est longue aussi. En voici le début :
Découverte de la quinine, de l’aspirine, de la pénicilline. Découverte du mécanisme de transmission du virus du SIDA. Interprétation du code génétique et utilisation des données du séquençage du génome humain pour accélérer la découverte de médicaments. Découverte du circuit de la circulation sanguine et des groupes sanguins. Découverte des rayons X.
9. Qu’est-ce que la xénogreffe ? Cette technique n’est-elle pas un espoir pour tous les patients en attente de greffe d’organes ? Comment trouver assez d’organes sans les animaux ?
Il s’agit de prélever des cellules, du tissu ou un organe sur un animal pour les greffer sur un humain. Non, ce n’est pas aussi simple. Un organisme reconnaît la partie greffée comme ne lui appartenant pas et déclenche une réaction de rejet. Cette réaction se produit même si l’organe appartient à un autre individu de la même espèce. À plus forte raison d’une espèce différente. L’animal le plus utilisé actuellement est le cochon. Pour résoudre les problèmes de rejet, il y a d’une part les médicaments anti-rejet, qui affaiblissent le système immunitaire du patient receveur d’organe et, d’autre part, l’utilisation de cochons génétiquement modifiés, intégrant des gènes humains. Pour autant, les cochons restent des cochons. Même si la greffe réussit, beaucoup s’inquiètent du risque que représente la possible introduction accidentelle d’un virus du cochon dans l’organisme humain. Tous les animaux, y compris l’homme, hébergent des virus endogènes qui ne deviennent pas pathologiques. Pourtant, un virus inoffensif pour l’espèce qui l’héberge peut devenir dangereux s’il est amené à infecter une autre espèce. Ceci est une des explications de l’apparition du virus du SIDA, qui serait apparenté à un virus endogène de singe. Un virus introduit au cours d’une xénogreffe pourrait muter et devenir dévastateur. Ce n’est qu’un risque, mais il est bien réel.
Encore une fois, l’espoir ne devrait pas être placé sur l’utilisation des animaux mais plutôt sur les greffes d’organes humains. Dans certains pays, le prélèvement d’organes sur une personne qui vient de décéder est autorisé, sauf si cette personne a clairement manifesté, de son vivant, son refus de donner ses organes. Quand la Belgique, par exemple, a adopté cette loi, les dons d’organes ont presque doublé.
10. Si l’expérimentation animale n’était pas vraiment nécessaire, pourquoi des scientifiques de renom continuent-ils à la pratiquer ?
Le scientifique de renom a acquis sa renommée en publiant beaucoup d’articles et il lui serait très pénible, après avoir consacré sa vie à des recherches sur des animaux, d’admettre que ces recherches n’ont pas apporté grand chose à l’humanité, ou pire, qu’elles ont mis en danger la santé des humains. Reconnaître ses erreurs et en tirer des leçons demande du courage. Plus que de courage, d’autres manquent de clairvoyance : absorbés dans leurs recherches, ils ne songent pas à l’intérêt de leurs travaux. Ils suivent la tradition, culturelle, ininterrompue, sans se préoccuper des possibles, ou impossibles, applications de leurs découvertes pour l’intérêt des autres humains.
Le salaire, la sécurité de l’emploi, autre raison de se taire. En France, au sein même du C.N.R.S., des chercheurs authentiques, ayant mis au point des techniques innovantes mais allant, peut-être, à l’encontre des intérêts des fournisseurs d’animaux et des groupes pharmaceutiques, se sont vu confiner dans un bureau exigu, sans paillasse et sans crédit. La célébrité, encore une motivation. Comment se faire un nom ? En publiant beaucoup. Pour les moins scrupuleux, une méthode courante consiste à prendre des résultats existants, refaire les expériences sur une autre espèce, apporter quelques changements au protocole et écrire un nouvel article. Les chercheurs qui publient le plus reçoivent plus d’argent et peuvent faire plus d’expériences. Peu de grains de sable viennent gripper l’engrenage. Prenons l’exemple d’une multinationale pharmaceutique. Plus il y a de tests réalisés, plus il y aura de médicaments mis sur le marché, plus il y aura de revenus, plus le laboratoire aura les moyens de financer la propagande pour ses produits, touchant même le grand public par le biais d’annonces, très rassurantes, dans les quotidiens et autres médias non spécialisés. Les opposants à la vivisection, eux, sont souvent présentés comme de doux rêveurs ou de dangereux extrémistes. Les petites associations n’ont pas les moyens de se payer des annonces dans la presse et, même lorsqu’elles y parviennent, il arrive qu’elles se voient refuser les espaces. Les magazines ne veulent pas mécontenter des annonceurs plus puissants, source de revenus réguliers. A l’ère de la communication, à la télévision ou dans tous les médias, les informations les plus pertinentes, les plus utiles pour notre santé, ne sont pas forcément les plus accessibles. Elles sont noyées sous un déluge d’informations générées par ceux qui ont les moyens de faire publier ce qu’ils veulent.
Un chercheur honnête, conscient de ses responsabilités, est défavorisé dans le milieu de ses pairs. Les directeurs de revues spécialisées sont très sensibles à l’idée que la communauté scientifique se fait de ces revues. Ils renâclent à publier des articles de chercheurs qui remettent en cause ce chimérique modèle animal. D’où la difficulté, pour ces chercheurs, de se faire connaître et d’obtenir des crédits.
11. Les opposants à la vivisection ne sont-ils pas des hypocrites ? Ne prennent-ils pas des médicaments quand ils sont malades ?
Ce que nous rejetons n’est pas le médicament mais la façon dont il a été découvert. Bien sûr, il existe des substances efficaces et sûres et tout le monde est content de les trouver à sa disposition. Il n’est pas question de les mettre à la poubelle ou d’arrêter de les produire. Ni de faire un procès aux chercheurs qui les ont découvertes. Quand on joue aux dés, il arrive qu’on gagne. De même, en utilisant des animaux, il est arrivé qu’on découvre une molécule intéressante. Mais cette découverte aurait pu se faire sans les animaux et on aurait pu éviter tous les accidents que les tests sur les animaux ont provoqués. Nous ne demandons pas l’arrêt de la fabrication des médicaments. Bien au contraire, nous démontrons qu’il existe des méthodes sûres et peu coûteuses pour trouver des médicaments efficaces et nous demandons que ces méthodes-là soient utilisées, plutôt que les hasardeux essais sur les animaux.
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