Le 25 mai dernier, quelques jours après notre participation à la marche unitaire pour la fermeture de l’élevage de primates de Niederhausbergen, Pro Anima a été reçu par des responsables du centre.
Cette rencontre avec Monsieur Michel Denken, président de l’ADUEIS/SILABE, premier vice président de l’UNISTRA (Université de Strasbourg), professeur de Théologie Catholique et Monsieur Yves Larmet, bras droit de Madame Fanélie Wanert, vétérinaire dirigeant cet élevage, a été tendu.
Sylvia Hecker, vice présidente de Pro Anima, s’est sentie piégée.
Les nouveaux maitres mots des responsables sont en substance
Nous ne vendons rien : ce sont d’autres qui vendent.
mais il est impossible de savoir qui…
Cette réaction est sans doute due aux masques vus lors de la marche portant la mention je suis en vente à Niederhausbergen.
Pourtant un article paru le 2 mai 2015 dans la revue Vivacité, la revue publiée par cette même Université de Strasbourg, affirme le contraire.
Il est bien évoqué une activité d’import export de primates. L’auteure de l’article affirme bien qu’elle n’a pas eu accès au sous-sol où les singes maintenus captifs reçoivent des traitements sanitaires avant d’être revendus à des laboratoires européens. La directrice du centre précise que les primates restent sur le site entre six mois et deux ans puis sont revendus aux alentours de 5 000€ le spécimen. Elle précise ensuite que la moitié des singes est revendue.
Le Silabe reverserait 800 000€ à l’Université de Strasbourg…
De plus, la réfutation du modèle simien pour l’étude des maladies humaines, pourtant reconnue par des articles dans des revues scientifiques, ont laissé les responsables de marbre. Pourtant ces faits concernent directement la santé humaine !
(lire l’article scientifique sur l’échec des tests sur animaux pour l’Alzheimer ici)
Monsieur Larmet s’est déconsidéré par son unique objection
Qui vous dit qu’il n’y a pas de vieux singes parkisoniens ou atteints de la maladie d’Alzheimer dans les forêts ?
Bien entendu, même si cela était une réalité, cela ne justifierait pas le prélèvement d’animaux sains dans la nature pour les rendre malades. Notre vétérinaire porte parole, Salomé, a également était surprise par cette affirmation ne reposant sur aucun fondement scientifique.
Nous l’avons interrogée :
Cette phrase m’a fait tiquer…
De ce que j’en sais, il n’existe pas de modèle naturel de maladies neurodégénératives chez les primates.
Les modèles classiques utilisés en recherche sont des animaux rendus artificiellement malades, et ce de plusieurs façons (pour l’étude de la maladie d’Alzheimer (voir ici)
Des lésions physiologiques et neurochimiques similaires à celles observées dans la maladie d’Alzheimer chez l’homme ont été mises en évidence chez un rongeur, le degu (voir ici)
Néanmoins, une étude suggère qu’il faudrait étudier les caractéristiques de vie sur le terrain dans le cadre d’études d’écologie cognitive pour déterminer des facteurs particuliers qui seraient corrélés avec la présence des symptômes (par exemple, la nourriture, ou l’intégration sociale des individus) et non de manière uniquement mécanistique comme c’est le cas en expérimentation animale en laboratoire.
Pour plus d’informations sur les alternatives, le lecteur peut se référer à un article de Cavanaugh et al. paru en 2014 dans Altex
Enfin, un autre scandale que souligne cette rencontre est le désintérêt total et l’investissement inexistant de la communauté scientifique pour développer les alternatives aux expérimentations animales.
Sylvia Hecker a évoqué le grand institut de Biomédecine Strasbourgeois qui accueillera 250 chercheurs à partir de l’année prochaine, en espérant qu’il s’y développerait un pôle de développement de recherches substitutives…
Non ! Ont claironné les deux responsables. Nous y étions ce matin et une animalerie est déjà en place.
Le conseiller régional, Jordan Grosse-Cruciani vient d’interpeller le Président du Conseil Régional et Mme Isabelle Heliot-Couronne, Présidente de la Commission Innovation à ce sujet. Entre autre, le député questionne la Commission sur
L’octroi de subventions à cet Institut alors même que la Directive Européenne 2010/63/UE encourage la réduction de la recherche sur les animaux ?
et demande
De quelle manière le Conseil régional subventionne t‑il les projets encourageant les méthodes alternatives ?
Ce questionnement devient de plus en plus récurrent au sein de Pro Anima, tant il es devenu intenable de voir la communauté scientifique répéter ad nauseam que les alternatives ne sont pas au point tout en ne faisant absolument rien pour en développer, bafouant ainsi le cœur même de la Directive Européenne 2010/63/UE et le souhait de nombreux citoyens européens.