Ce jour même nous envoyons à François Hollande un courrier résumant nos attentes.
Le voici :
Monsieur le Président.
Toute l’équipe de Pro Anima vous félicite pour votre victoire à l’élection présidentielle 2012.
Vous êtes désormais pour 5 ans à la tête de notre état.
Nous vous souhaitons la réussite dans la mise en place de vos projets pour la France.
Nous attirons tout particulièrement votre attention sur la recherche bio médicale et les moyens de parvenir à une science plus efficace au service de l’Homme, de l’environnement dans le respect de l’animal et de la nature.
Notre comité scientifique œuvre depuis 22 ans à la promotion des alternatives aux expérimentations animales. Il existe aujourd’hui dans de nombreux domaines de recherche des voies nouvelles, hors utilisation de cobayes animaux, permettant une recherche efficace.
Nous savons désormais que ni les rongeurs, ni les canidés ou les primates non humains ne constituent un modèle fiable pour l’espèce humaine.
Nous connaissons également le grave problème que constitue la mise en captivité d’animaux destinés à l’expérimentation animale.
Nous savons qu’il existe aujourd’hui de bonnes pratiques de laboratoires, mais nous ne les cautionnons pas.
Les alternatives aux expérimentations animales, encore trop peu encouragées, sont extrêmement prometteuses. Elles méritent toute notre attention et ne doivent pas se cantonner aux études préliminaires ou complémentaires de tests in vivo.
Le budget alloué à la recherche dite alternative est extrêmement faible : 200 Millions d’Euros sur les 20 dernières années soit 20 Millions d’euros par an pour l’ECVAM, l’organisme en charge des validations des méthodes alternatives.
A titre de comparaison, nous savons qu’une seule université (celle de Strasbourg) se voit attribuer une dotation de 750 millions d’euros pour ses programmes « initiative d’excellence » dont, entre autre, une animalerie géante.
Elle percevra aussi 40 millions d’euros pour six nouveaux projets « équipements d’excellence » dont une animalerie supplémentaire.
Le chercheur possédant une animalerie a plus de chance d’obtenir une subvention que celui qui n’en a pas.
Est ce bien normal ?
Comme le dit le Président de cette université, Mr Alain Beretz le problème (…) ne va pas être le manque de moyens, mais plutôt de savoir gérer la quantité extrêmement importante de moyens dont elle va bénéficier.
Il est donc évident que contrairement aux paroles rassurantes que nous recevons occasionnellement de la part des pouvoirs publics, aucune volonté réelle et efficace ne voit le jour.
A Pro Anima, nous avons coordonné VALITOX/EVATOX, un programme de toxicologie tout à fait novateur, hors modèle animal, avec une prédictivé plus grande que sur animaux. Nous n’avons bénéficié d’aucune aide officielle. Seuls des fonds privés ont pu être levés !
Aujourd’hui ce test est en cours de validation à l’ECVAM, mais des développements supplémentaires semblent nécessaires pour en hâter la validation.
Le niveau d’exigence est très élevé ce qui est une bonne chose : en science il faut viser l’excellence mais les standards exigés pour l’in vitro sont plus élevés que pour les tests sur animaux !
Pourtant cette excellence est loin d’être assurée pour l’expérimentation animale : elle n’a à subir aucune procédure de validation et les nombreux scandales sanitaires de ces dernières années ne semblent pas suffisants pour créer l’impulsion nécessaire des pouvoirs publics afin de diminuer puis stopper l’expérimentation animale.
– Nous vous demandons, Monsieur le Président, de revoir fermement notre système d’évaluation du médicament afin d’encourager les voies de recherches sans animaux.
– Nous vous demandons d’assurer des budgets de recherches plus conséquents pour ceux n’incluant pas d’expériences sur animaux.
– Nous vous demandons de contrôler fermement la recherche fondamentale qui, semble‑t’il, joue de plus en plus aux apprentis sorciers.
Dans l’enseignement, nous demandons que les dissections soient interdites sans reserve et que soient utilisés à la place les moyens pédagogiques et éthiques disponibles n’incluant aucune utilisation d’animaux.
– Nous demandons depuis longtemps, en liaison avec des organismes de protection des animaux, la mise en place d’un droit à l’objection de conscience à l’expérimentation animale pour les étudiants français désireux de suivre un cursus scientifique sans être obligés de travailler sur des cobayes animaux.
Ce droit conforme à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui reconnaît à toute personne une liberté de conscience est bafoué en France depuis trop longtemps.
Pourtant ce droit existe déjà au sein de l’Union Européenne, notamment en Italie, en Hollande et en Belgique.
Nous comptons sur vous, Monsieur le président, et sur votre gouvernement, pour faire de la France un pays de pointe dans le secteur des expérimentations scientifiques sans animaux.
Dans l’attente de votre réponse positive, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président l’expression de notre très haute considération.
Professeur Jean-François Béquain
Président.
Professeur Honoraire (Université de Bordeaux 2)
Habilité à diriger des recherches
Docteur d’Etat et Docteur Es Science.