Mme Laurence Abeille interroge M. le ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement, sur l’extension de l’élevage de primates à Niederhausbergen, près de Strasbourg
L’autorisation d’agrandissement a été signée par le Préfet de Strasbourg en juillet dernier, afin de faire passer la capacité d’accueil de 800 primates à 1 600 et ainsi servir de modèles d’expérimentation pour des pathologies humaines. Un nombre croissant de citoyens s’opposent à cette extension pour des raisons scientifiques, écologiques et éthiques.
Sur le plan écologique, cette primaterie devrait recevoir des primates Lemuridés et la nouvelle famille des Callithricidés, appartenant à l’annexe 1/ CITES et A (CE) des espèces menacées d’extinction.
Sur le plan scientifique, des questions restent en suspens. L’expérimentation sur des singes pris comme modèles des pathologies humaines est aujourd’hui contestée par un nombre croissant de scientifiques, pour la raison qu’aucune espèce ne peut être le modèle biologique fiable d’une autre espèce. De nombreux rapports scientifiques ont jeté un doute sur la pertinence de l’expérimentation sur les primates. En revanche, des outils de recherche performants et fiables, issus des récents progrès scientifiques, sont désormais disponibles et utilisés par les chercheurs, rendant le modèle singe obsolète voire anachronique. Ces méthodes sont non invasives et efficaces, elles permettent d’explorer le fonctionnement et les pathologies de nos cellules (biologie moléculaire, cellulaire, in-silico) et de nos organes (IRM, caméra à positrons pour suivre l’activité cérébrale).
De plus, cette extension est en contradiction avec la règle des « 3 R » de l’Union Européenne (réduction, raffinement, remplacement de l’expérimentation animale) confirmée par la directive 2010/63/UE, imposant aux gouvernements de l’Union de réduire le nombre d’animaux employés dans les laboratoires mais également de mettre en place des alternatives à l’expérimentation animale.
Enfin, sur le plan éthique, les souffrances infligées aux primates, animaux sensibles, interpellent de plus en plus nos concitoyens, cela d’autant plus que de nombreuses études scientifiques et éthologiques témoignent de l’étendue des capacités sociales et cognitives des primates – et des animaux en général.
En 1997, le ministre de la Santé avait rejeté un projet d’ouverture identique des même requérants à Holtzeim (Bas Rhin) au motif que le primate n’est pas un modèle biomédical pour l’homme.
En conséquence, elle souhaiterait connaître la position de Monsieur le Ministre sur l’extension de la primaterie à Niederhausbergen et savoir si des alternatives scientifiques ont été envisagées.