Le 27 mars dernier, l’association Animal Testing dévoilait sa nouvelle enquête « Animaux et produits d’entretien ne font pas bon ménage » afin de révéler les dessous de l’expérimentation animale concernant les produits ménagers. L’enquête était suivie d’une campagne d’affichage dans le métro.
En effet, les produits d’entretien ne sont pas concernés par l’interdiction de tests sur les animaux qui prévaut pour les ingrédients et produits à usage cosmétique (règlement CE N°1223/2009, en vigueur depuis le 11 juillet 20131).
En 2015, le Comité Scientifique Pro Anima et l’association Tierrechte – Tierversuchsgegner Baden Wuttemberg e.V interpellaient déjà, par le biais d’un courrier commun, la Commission Européenne sur le problème des tests sur animaux pour les substances chimiques entrant dans la composition des produits ménagers.
Bien que la réponse de la Commission européenne rappelait qu’« il n’est pas obligatoire de tester les ingrédients des produits ménagers sur les animaux. C’est en fonction des quantités que le règlement REACH module ses exigences en matière d’information sur les substances chimiques. Mais que la substance entre ou non dans la composition de produits ménagers, il n’autorise qu’en dernier recours l’essai sur les animaux à des fins d’enregistrement. Aux termes de l’article 13 du règlement REACH, les informations doivent être produites autant que possible par d’autres moyens que les essais sur les animaux », il apparaissait clairement, pour nos deux associations mais aussi pour un certain nombre d’autres organismes, que les agences et les textes ne sont pas suffisamment exigeants pour favoriser concrètement l’utilisation des méthodes substitutives à l’expérimentation animale par les différents acteurs économiques.
Des efforts plus importants sont absolument nécessaires. Les deux associations n’ont en effet eu de cesse de travailler à la mise en place d’efforts plus significatifs de la part des autorités afin de réduire et remplacer l’expérimentation animale en Europe ; de demander des textes plus exigeants qui favorisent concrètement / réellement l’utilisation des méthodes substitutives à l’expérimentation animale.
Les produits ménagers dont la toxicité est évaluée sur les animaux sont par ailleurs dangereux pour notre santé et notre environnement.
Le règlement européen REACH entré en vigueur en 2007, tout comme l’ECHA (agence européenne ayant pour rôle de réguler les substances chimiques et d’évaluer la dangerosité des actifs chimiques), a un rôle dans l’augmentation ou non de l’utilisation des tests sur animaux pour évaluer les substances chimiques qui entrent / circulent sur le marché européen.
Dans le cadre de son enquête, Animal Testing a pu joindre l’ECHA et échanger avec deux membres de l’agence avouant que les expériences sur les animaux de produits finis peuvent aussi répondre à des enjeux plus marketing que de santé / de sécurité :
« La commercialisation d’une nouvelle senteur, modifiant la formule, peut aussi générer des expériences de produits finis sur les animaux ».
Un autre problème rappelé par l’association est que les « différents organismes ne se parlent pas entre eux », et « actuellement c’est l’ECHA qui prend le lead et commandite de nouveaux tests » sur animaux ; ceci, alors même que l’agence reconnaît et encourage dans un même temps l’existence des alternatives existent.
Pourquoi un tel paradoxe ? Pourquoi le développement des méthodes de remplacement est si difficile ?
L’ECVAM encourage et facilite l’utilisation de méthodes non animales dans les tests réglementaires et la recherche. De nombreuses alternatives validées par l’UE existent et doivent obligatoirement être utilisées (directive européenne 2010/63/UE, applicable depuis le 1er janvier 2013). Il est ainsi incompréhensible que le budget de l’organisme européen de validation des méthodes alternatives soit revu à la baisse depuis plusieurs années.
En France, nous devons continuer d’avancer.
C’est pourquoi le Comité Pro Anima, avec un grand nombre d’associations partenaires, demande d’évaluer pour la 1ère fois en France l’utilisation des méthodes de remplacement dans la recherche, la réglementation et l’éducation ; ceci afin d’opérer un pas concret et indispensable en faveur de la transition vers une science et une innovation plus fiable, sans recours à l’animal.
Signez et partagez notre pétition à destination du Sénat, pour les animaux et pour votre santé : https://petitions.senat.fr/initiatives/i‑1254