Science inconsciente : nous interpellons la Commission Européenne


16 mai 2014

Le 29 Avril dernier nous avons écrit à la représentation française de la Commission Européenne afin de l’interpeller sur un protocole de recherche particulièrement préoccupant. Des virus peu transmissibles pour l’espèce humaine et rendus volontairement contagieux ! Un danger pour l’homme et une souffrance pour les animaux que nous dénonçons.

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Madame,

Nous vous contactons pour évoquer les expériences dirigées par le Professeur Yoshihiro Kawaoka et le Professeur Ron Fouchier de l’Université Erasmus d’Amsterdam et de l’Université du Wisconsin (USA).
Notre association, Comité scientifique Pro Anima, dédiée à la promotion des alternatives aux expérimentations animales est inquiète par de telles expériences.
Celles-ci, réalisées sur des furets, ont conduit à la création de virus H5N1 et H7N9 mutants.
Il apparaît que ces virus peu transmissibles au départ, à part chez les oiseaux, sont rendus volontairement transmissibles sur d’autres animaux.
En utilisant le génie génétique et en manipulant les virus, puis en infectant les animaux, les virus sont donc rendus potentiellement plus dangereux qu’ils ne l’étaient au départ.
Cette recherche fondamentale « mue par la curiosité » de l’aveu même du Professeur Ron Fouchier, en charge de tels programmes, nous parait extrêmement préoccupante à plusieurs niveaux.
Ces expériences sont qualifiées de « folie » par Roberto Kolter, ancien Président de la société américaine de microbiologie et « exposent l’humanité » à un danger selon l’épidémiologiste de Harvard, Marc Lipsitch.
Ces expérimentations furent dénoncées par 56 scientifiques ayant adressé à la Commission Européenne une lettre publique. Nous rejoignons cette méfiance et demandons également une analyse de risque.
Plus encore nous souhaitons soulever les points suivants en rapport avec les conditions dans lesquelles sont menées ces expérimentations sur des animaux.
Nous sommes étonnés que les comités d’éthiques valident de tels protocoles. Comment est-il possible que ces comités puissent être favorables à ces expérimentations ?
Quelles sont les garanties de bien-être pour ces animaux sains volontairement contaminés par la main de l’homme ?

La Directive 2010/63/UE relative à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques doit s’appliquer et protéger les animaux en accord avec ses buts.

Selon cette Directive, une procédure expérimentale ne doit pas être mise en œuvre si elle implique une douleur, une souffrance, ou une angoisse intense susceptible de se prolonger sans possibilité d’être soulagée or la description des symptômes habituels de la grippe incluant fortes fièvres, détresse respiratoire, ne sont pas compatibles avec de telles exigences éthiques.
Ces symptômes s’apparentent à ceux de classe de gravité sévère décrits de la sorte par la Directive : essai d’activité d’un vaccin caractérisé par un trouble persistant de l’état général de l’animal, une maladie progressive mortelle associée à une douleur, une angoisse ou une souffrance modérée de longue durée.
Nous rappelons qu’aucune visée thérapeutique n’est envisagée dans le cadre de ce protocole et que la qualité des informations éventuellement découvertes ne sera que de peu d’utilité pour l’espèce humaine, dont l’évolution dans sa propre niche écologique diffère largement de l’évolution des furets.
Selon les spécialistes de la question, la compréhension des mécanismes moléculaires accompagnant l’infection a progressé mais aucune perspective de traitement n’en est ressortie.
Enfin, n’oublions pas que nous parlons ici de deux virus H5N1 et H7N9 ayant peu infecté l’homme à grande échelle ces dernières décennies.
Nous déplorons un tel acharnement à rendre transmissibles des virus qui ne le sont pas, sur des êtres sensibles et dont découleront d’éventuels résultats non extrapolables à l’homme sans aucune visée thérapeutique avérée.
Nous demandons à la Commission Européenne de ne plus apporter son soutien à de tels programmes et demandons une appréciation rétrospective des ces expériences.

Veuillez agréer, Madame, l’expression de notre considération distinguée

Professeur Jean-François Béquain

Président de Pro Anima