Alors que sort son livre “Profession : Animal de laboratoire”, nous posons 3 questions à Audrey Jougla. La jeune femme s’est plongée dans les laboratoires français et en a tiré une enquête bouleversante.
Audrey, pourquoi ce
titre : « Profession : Animal de laboratoire » ?
Le titre auquel
j’avais pensé au début était “Des animaux et des labos”, en référence
à l’œuvre de Steinbeck “Des Souris et des Hommes”. Comme tout au long
de l’enquête se profile une réflexion sur notre rapport à l’animal, notre
morale face à lui, ou simplement la justification du mal qu’on lui cause, je
trouvais que ce titre était pertinent.Mais nous avons
pensé, avec ma maison d’édition, que le grand public ne comprendrait pas
forcément le sujet du livre et qu’il fallait un titre plus
direct. “Profession : Animal de laboratoire” résume aussi toute
la tragédie de ces animaux : pour les chercheurs, ces animaux
“travaillent”, et tout le lexique du travail est omniprésent dans
l’expérimentation animale.Le titre crée un
malaise, car il est volontairement ironique : animal de laboratoire est plus
une punition qu’une profession, et le lecteur le comprend immédiatement.
Quelque part, c’est la question du consentement des cobayes, qu’ils soient
animaux ou humains, qui transparait avec ce titre.
Que trouvera le
lecteur dans votre ouvrage ?
Je pense qu’il faut
bien préciser que cette enquête, même si elle peut effrayer, se lit avant tout
comme un récit, une aventure, un policier : c’est un récit très incarné, à la
première personne. C’est une enquête rigoureuse qui apporte beaucoup
d’informations mais ce n’est pas que cela : c’est avant tout mon histoire, liée
pour plusieurs raisons à ce sujet, qui pose au fur et à mesure du récit toutes
les questions que le lecteur va se poser simultanément, qu’il soit militant ou
totalement hermétique à la cause animale.Il y a beaucoup de
dialogues, des personnes auxquelles le lecteur va sûrement s’attacher, des
situations qui vont le révolter et d’autres qui le feront sourire : il y en a
peu, mais il y a quand même de l’humour !Et la troisième
dimension, qui accompagne tout le récit, est une réflexion plus profonde sur
notre rapport à l’animal, au mal et à sa justification. J’ai écrit ce livre
comme un triangle : une enquête journalistique, un récit très personnel et
émotionnel, et une réflexion sur l’animal. Et ces trois angles permettent
d’avoir une lecture qui, même si elle est douloureuse, est prenante. Et
surtout, j’ai essayé de ne pas juger : poser des questions, renvoyer le lecteur
à ces questions-là, mais ne pas avoir un jugement moralisateur, même si j’ai un
avis très clair sur ce sujet !
En lisant le livre
on découvre aussi une aventure humaine très forte. Une aventure dont on ne
ressort pas indemne. Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
Écrire m’a fait
beaucoup de bien : savoir que cette expérience va pouvoir être vécue par les
lecteurs est presque thérapeutique. On se sent utile. S’exposer à la violence
que subissent les animaux sans pouvoir agir est très douloureux. Et les
militants s’exposent souvent à cette souffrance qui leur est insupportable. Et
l’écrire, la partager, la diffuser permet d’évacuer cette expérience que j’ai
vécue dans une grande solitude en fait.On y pense souvent
après. Ce qui m’attriste le plus aujourd’hui c’est de me dire que certains
animaux que j’ai vus dans les laboratoires y sont encore. La douleur finit par
céder la place à la révolte.
“Profession : Animal de laboratoire” est disponible à partir du 23 septembre en FNAC, librairies et également on-line en cliquant ici. Les droits d’auteurs sont reversés à diverses ONG dont Pro Anima.
L’actualité autour du livre se trouve sur une page facebook dédiée. (cliquez-ici)