Un projet sur dix utilisant des singes n’a aucun intérêt !


18 septembre 2014

Et la majorité des autres projets n’ont que peu d’intérêt.

Alors que de nouvelles images odieuses, tournées récemment  par 2 ONG allemandes, relancent le débat sur l’utilisation des primates non humains en recherche fondamentale, nous publions une courte synthèse de 2 rapports remettant sérieusement en doute les expérimentations sur les singes.

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D’après un rapport important publié en 2011, presque un projet de recherche sur dix utilisant des singes au Royaume-Uni n’apporte aucun intérêt scientifique ou médical.

Le Professeur Sir Patrick Bateson, qui a dirigé une étude sur l’utilité de l’usage des primates en science, a déclaré que les raisons justifiant certains projets réalisés sur une période de 10 ans à partir de 1996 étaient inadéquates ou insuffisantes. 

C’est ce qu’a fait remarquer M. Bateson, éthologue à l’université de Cambridge et président de la Société zoologique de Londres, lors d’une réunion d’information pour le lancement d’un rapport étudiant la question de la nécessité, la qualité et les impacts à long terme des plus délicates de toutes les expériences sur animaux – celles effectuées sur les primates non humains.

En 2011, les scientifiques britanniques ont mené des procédures scientifiques sur plus de 2600 singes, dont des ouistitis et des macaques, sur un total dépassant les 3,7 millions de procédures sur animaux.

Plus de 2000 singes ont été utilisés par des compagnies pharmaceutiques et biotechnologiques afin de tester des traitements médicamenteux. Les autres ont été utilisés par des universités et des institutions gouvernementales au cours de recherches soumises à conditions, comme Alzheimer et Parkinson ainsi que des maladies infectieuses, dont le VIH/Sida.

Le soutien inconditionnel de tout travail sur des primates non humains est injustifié et injustifiable a déclaré M. Bateson (…) 

Nous avions trouvé que dans de nombreux cas, les motivations des projets étaient inadéquates ou insuffisantes, a déclaré M. Bateson. Il était improbable que ces projets soient bénéfiques et leurs revendications étaient peu plausibles.

Un exemple de telles recherches cité dans le rapport était celui d’animaux utilisés dans des expériences de biologie de la reproduction ayant une valeur de formation pour les chercheurs ! Les auteurs du rapport ont estimé que ce dernier était un travail répétitif publié une décennie auparavant, dont les raisons, d’un point de vue scientifique ou médical, semblaient négligeables.

L’étude de M. Bateson, accréditée par les principaux financiers de la recherche utilisant des animaux au Royaume-Uni (le Conseil de la recherche médicale, le Conseil de la recherche en biotechnologie et sciences biologiques, et la Wellcome Trust) passe en revue 67 projets théoriques réalisés entre 1996 et 2006 et ayant utilisé environ 3000 singes.

Les membres de la Commission ont donné des appréciations indépendantes sur la qualité scientifique de la recherche, le prix du bien-être des animaux utilisés ainsi que sur les intérêts probables pour la médecine et le bien public. M. Bateson rapporte que l’estimation des intérêts potentiels en médecine était souvent spéculatif à cause du temps considérable pouvant s’écouler entre la recherche fondamentale et les conclusions utilisées pour développer des thérapies.

Maggy Jennings, scientifique de longue date à la RSPCA (Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux), explique de son côté que depuis trop longtemps, les gens ont été contents d’exagérer l’importance des expériences utilisant des primates non humains en l’absence de preuves défendant leurs droits catégoriques. La RSPCA s’est toujours sérieusement préoccupée de l’utilisation de primates non humains pour des raisons éthique et de bien-être.

Pour Michelle Thew, directrice de la BUAV, Union Britannique pour l’Abolition de la Vivisection, dévoile que le rapport est un aperçu effrayant de la recherche sur les primates au Royaume-Uni. C’est également un aveu consternant d’échec. Les réglementations conçues pour protéger les primates en recherche ne fonctionnent manifestement pas. 

Il est de loin encore trop facile de soumettre les primates à des expériences extrêmement dévastatrices dont l’intérêt pour les humains est faible ou nul. Il est aujourd’hui clair que la seule mesure pouvant entièrement protéger les primates, et assurer une recherche médicale plus productive, est de mettre un terme à leur utilisation en recherche. Il est temps que les chercheurs et les organismes de financement se mettent au niveau de l’opinion publique.

D’après les spécialistes de l’organisation Dr Hadwen Trust, le rapport indépendant sur l’utilisation des singes et autres primates non humains (PNH) dans la recherche médicale britannique confirme le besoin de passer à des approches alternatives.

Ce rapport, dirigé par le professeur Sir Patrick Bateson, actuel président de la Zoological Society (Société Zoologique de Londres), démontre que presque aucun des 10 projets entre 1997 et 2006 n’engendre un intérêt scientifique, médical ou social évident.

La moitié des 31 études en neurosciences présentées dans le rapport impliquent une souffrance animale considérable, mais, dans la plupart des cas, et d’après le rapport, elles produisent une petite preuve directe d’une utilité médicale.

Le rapport indique que les techniques utilisées en imagerie cérébrale, remplaçant déjà certaines effectuées sur les animaux, devraient être davantage développées et utilisées.

Kailah Eglington, directrice de l’organisation, a déclaré : Le rapport recommande l’utilisation des approches alternatives existantes. Nous finançons et encourageons l’utilisation de méthodes alternatives dans une perspective à la fois éthique, scientifique et économique depuis plus de 14 ans.

Depuis 1992, cet organisme a financé 13 projets de recherche dans le secteur de la neuro imagerie qui visaient de manière directe le remplacement des Primates Non Humains et qui ont considérablement amélioré notre compréhension de la maladie ainsi que le développement de thérapies dans ce domaine.

Le rapport de M. Bateson spécifie qu’il est  inacceptable, en particulier étant donné l’impact de ces études qu’une sur trois (30 pour cent) des subventions accordées à la recherche sur la vue utilisant des Primates  n’ait permis de publier de résultat ni permis une nette amélioration dans la compréhension de la maladie.

Lire aussi : 

http://www.bbsrc.ac.uk/web/FILES/Reviews/review-research-using-nhps.pdf

Publié dans le bulletin Sciences, Enjeux, santé n°66 de septembre 2012.

Merci à Tiphaine George pour la traduction