Les alternatives aux expérimentations animales représentent les méthodes de recherche n’incluant aucune utilisation d’animaux vivants ou tués à cet effet. On parle généralement de recherche in vitro (tests cellulaires) ou in silico (logiciels informatiques).
Il ne s’agit pas d’un test mais d’un ensemble d’outils pouvant reduire ou remplacer avantageusement l’expérimentation sur des animaux.
Voici une mise au point du Dr Christophe Furger qui repond à des questions très souvent posées.
” Les tests in vitro n’ont aucun intérêt lorsqu’on ne connaît pas le niveau d’exposition réel des cellules testées ! ”
.. Mesurer la toxicité est un domaine extrêmement complexe qui ne peut se résumer par la formulation lapidaire et par trop simpliste ci-dessus. Je renvoie notre lectrice au règlement 440/2008 de la Commission européenne (Journal Officiel de l’Union Européenne du 31 mai 2008) lequel expose sur 739 pages les méthodes animales et alternatives applicables en Europe ! Pour ne citer qu’un exemple très simple, appréhender une toxicité aiguë ou un effet sur la reproduction (reprotoxique) fera appel à des contextes physiologiques et des méthodes de mesure radicalement différents. Par ailleurs, n’oublions pas que la biologie est une science expérimentale et que le « niveau d’exposition réel » d’un contaminant sur un modèle vivant quel qu’il soit (cellule, animal, être humain) n’est pas mesurable. Plus modestement, les méthodes de toxicité, animales ou in vitro, essaient de mimer, avec plus ou moins de réussite, le comportement de l’organisme humain face à un contaminant. Pour cela, une approche intéressante consiste à corréler les résultats observés avec les effets répertoriés dans l’espèce humaine. Le niveau de corrélation permet ensuite de comparer les méthodes (animales vs alternatives, par exemple) et surtout de vérifier leur niveau de prédiction de l’effet observé chez l’humain.
Certes, et elle peut, de plus, subir des biotransformations (ou au contraire présenter une rémanence), etc… L’organisme montre un grand niveau de complexité et les paramètres à évaluer sont presque infinis. De plus, au sein d’une même espèce, il existe des variations individuelles importantes qui brouillent les pistes. Il est illusoire et simpliste de croire qu’un animal de laboratoire, différent en tout point de l’homme (par son comportement, sa physiologie, sa distance phylogénétique, son niveau de stress en cage, son cycle de reproduction, etc…) est forcément un bon modèle parce qu’il présente une muqueuse et des vaisseaux sanguins qui transportent les contaminants ! En terme de méthodes de toxicité, la meilleure sera celle qui apporte une prédictivité optimale des effets observés chez l’humain.
Savoir « dans quelle quantité » la substance « est absorbée, dégradée » est une information, pas une fin en soi. Ces considérations (administration, dégradation, métabolisme, élimination) sont à replacer dans le contexte spécifique du développement d’un médicament. Par défaut, les tests animaux y sont actuellement appliqués avec une épée de Damoclès pointée sur les résultats : le risque encouru de l’extrapolation vers l’espèce humaine et les complications qui peuvent survenir lors des essais cliniques chez le patient, voire après la mise sur le marché du médicament. Cela dit, il est vrai que les méthodes alternatives sont peu avancées dans ce domaine. En tout cas, aucune barrière conceptuelle n’empêche d’imaginer des tests réalisables hors du contexte animal. En effet, l’apport informatif d’un organisme peu extrapolable à l’homme n’est pas formellement supérieur à celui issu de modèles plus simples, certes moins physiologiques, mais représentatifs de l’espèce humaine comme des cellules en culture.
À trop vouloir simplifier, on frôle le syllogisme…