L’exigence réglementaire toujours imposée à l’industrie pharmaceutique et chimique trouve ses fondements dans le procès des Médecins à Nuremberg en 1946 : qui a donné lieu aux recommandations du code de Nuremberg.
“Les études animales sont effectuées pour des raisons juridiques et non pour des raisons scientifiques”
(Dr James Gallagher — ancien directeur de l’entreprise pharmaceutique Lederle USA — American Medical Association Journal, 1964).
Alors que des textes nationaux et européens sont depuis venus encadrer l’utilisation des animaux à des fins de recherche (convention européenne STE 123, règlement CE 1907/2006, directive 2010/63/UE et son décret de transposition en France n° 2013-118), ces textes continuent à tort de faire de l’expérimentation animale une obligation légale ; ceci, en dépit non seulement des interrogations légitimes sur l’efficacité même du modèle animal mais aussi des images et témoignages montrant la cruauté des conditions de vie des animaux dans les laboratoires.
L’avancée que semblait pouvoir apporter la Directive 2010/63/UE pour traiter des trop nombreux problèmes de l’expérimentation animale dans la recherche, notamment en son considérant 10 « […] La présente directive représente une étape importante vers la réalisation de l’objectif final que constitue le remplacement total des procédures appliquées à des animaux vivants à des fins scientifiques et éducatives, dès que ce sera possible sur un plan scientifique. », tient en plusieurs points.
Les 2 plus importants sont celui de ne pas imposer de date butoir ni de mettre suffisamment de moyens dans le développement et la promotion des méthodes substitutives à l’expérimentation animale.
Si ce n’est une stagnation, les chiffres au niveau national et européen du nombre d’animaux utilisés dans la recherche montrent une augmentation ; ce qui clairement doit nous alerter.
En France, la formation scientifique repose largement sur l’expérimentation animale. Les chercheurs ont du mal à remettre en cause ce modèle qui nous place en tête du peloton de pays consommateurs d’animaux.
Ainsi, la France est l’un des 3 pays d’Europe (avec l’Allemagne et le Royaume-Uni) qui pratique le plus l’expérimentation animale.
Les 2 plus grands domaines d’utilisation des animaux sont la recherche scientifique et les tests requis par la réglementation pour commercialiser une substance chimique (médicament, pesticide, produits ménagers…) ; 2nd domaine qui tombe au niveau européen dans le cadre de la réglementation REACH et de son agence ECHA.
En 2018, cette pratique concernait 4 millions d’animaux. Ce chiffre comprend 2 catégories : 1,9 million d’animaux utilisés dans des études scientifiques et 2,1 millions non utilisés mais nécessaires pour la reproduction des premiers ou à d’autres égards.
D’autres voies de recherche sont non seulement possibles mais aussi nécessaires.
Les rongeurs restent les animaux les plus utilisés mais on trouve les lapins, les oiseaux ou encore des chiens (3226 en 2015) qui servent à tester certains médicaments candidats.
Des laboratoires utilisent aussi des chats, des chevaux ou des ânes, des primates.
Notons que tous ces animaux naissent et sont élevés dans des établissements agréés par le ministère de l’Agriculture. Le nombre de vers et de mouches drosophiles est très important mais ces animaux ne sont pas comptabilisés dans les statistiques officielles.